Fév 14
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Quel est ton genre ?
Pourtant relayé par SMS seulement et sur réseaux sociaux, l’appel à la JRE (Journée de retrait des élèves de l’école) a été entendu par de nombreux parents.
La mobilisation à cette JRE a dû certainement surprendre tout le monde (y compris les initiateurs eux-mêmes). Il suffisait de voir les réactions immédiates des médias et des responsables politiques pour le comprendre ; et où, en vrac, on renie tantôt l’existence de la théorie du genre à l’école tout en justifiant les manuels scolaires controversés ; tantôt on parle de fausses rumeurs, tantôt on évoque une manipulation de l’extrême droite ou encore de cathos radicaux et aussi on cite ces pauvres parents musulmans crédules croyant à tout ce qu’on leur dit…
Des réactions, somme toute, balayant le fond avec une avalanche de commentaires sur la forme.
Et si le fond était réellement un désarroi profond provoqué, chez des parents simples et honnêtes qui n’ont pour souci que l’éducation de leurs enfants, par une intrusion sournoise de la « théorie du genre » dans les programmes scolaires ; même si, il se peut, comme dans toute affaire il y a toujours ceux qui veulent en profiter.
Sur le fond :
En réalité, les parents qui s’étaient rapidement emballés autour de la fameuse JRE et d’autres qui n’y ont pas participé n’avaient pas besoin d’appartenir à une quelconque famille idéologique ni même religieuse pour avoir des craintes légitimes et s’interroger sur les intentions aujourd’hui d’introduction insidieuse de la théorie du genre et de « stéréotypes de genre ».
Il suffit, d’ailleurs, de revenir à certaines déclarations pour s’en convaincre.
Dans son interview à « 20minutes » du 31 août 2011, Najat Vallaud- Belkacem porte-parole du gouvernement dit que « La théorie du genre, qui explique «l’identité sexuelle» des individus autant par le contexte socio-culturel que par la biologie (c’est-à-dire que la biologie n’est pas déterminante pour définir le genre ») et espère l’introduire « en vertu d’aborder la question des inadmissibles inégalités persistantes entre les hommes et les femmes ou encore de l’homosexualité, et de faire œuvre de pédagogie sur ces sujets ».
Ou bien ce communiqué d’un grand parti politique qui assène qu’il est inadmissible pour quiconque « de masquer le caractère construit, culturel, social du genre féminin et masculin ».
A cela s’ajoutent des manuels scolaires controversés que l’on souhaite imposer à nos bambins, cette couche la plus vulnérable de la société.
Mais là n’est pas le seul propos.
Un autre vrai danger a été mis en lumière dans cet épisode. C’est le fait, plus généralement, de disqualifier les interrogations légitimes de citoyens et les propos antagonistes en simulant, systématiquement, des procès d’intention.
En effet, le seul fait, pour certains parents d’avoir voulu soulever cette question de « théorie du genre » est devenu, à priori, suspect.
On a fait passer les parents les plus circonspects pour des opposants farouches à une simple politique de prévention des discriminations hommes-femmes, des parents « cachant mal leur relents de sexisme » et autres phobies!
Pêle-mêle les grands médias ont présenté, quant à eux, « des parents vulnérables » qui ont cédé aux sirènes d’une extrême-droite réactionnaire en participant à la JRE.
Ou encore sur un ton plus menaçant que paternalisme, le ministre de l’Éducation Nationale a même appelé à « convoquer » les parents concernés afin de leur rappeler, entre autre, que « l’école » était « obligatoire » !
Accueillir les arguments des parents et leur répondre franchement
En effet, même si nous pouvons rediscuter de cette JRE à tête reposée, il s’agit, plus gravement, de faire taire « la voix des parents» qui, saisis par le désarroi provoqué par la théorie du genre, s’interrogent aujourd’hui légitimement sur la question : une voix qui n’est ni extrême et réactionnaire ni taisante et détachée des débats de leur société.
Mais simplement une voix à la conscience citoyenne éveillée qui s’interroge de la ligne idéologique de ceux qui tiennent à introduire la théorie du genre qui n’a pourtant rien de scientifique, dans la biologie par définition scientifique.
L’inquiétude augmente quand un ministre d’état, reprenant le ministre de l’Éducation Nationale, déclare, par exemple, à l’Assemblée Nationale le 3 février 2013 que «l’Éducation vise à arracher les enfants aux déterminismes sociaux et religieux et d’en faire des citoyens libres » !
C’est, aussi, cette façon de balayer avec un revers de la main, de disqualifier les interrogations légitimes des parents sur un sujet aussi sensible que l’éducation qui est inquiétante; sujet qui concerne finalement tous les parents auxquels il faut accueillir les arguments et leur répondre franchement, des parents pourtant chargés de l’autorité parentale « jusqu’à la majorité ou l’émancipation de l’enfant pour le protéger dans sa sécurité, sa santé et sa moralité, et assurer son éducation et permettre son développement, dans le respect dû à sa personne». (Art. 371-1 du code civil).