Que la course à la vie ne t’aveugle pas.
A son retour de la belle région de Khorassâne surnommée la « mère des villes du monde », Thabet Al Bannâni, l’un des successeurs vertueux, a été interrogé sur les images qu’il avait gardé de ses paysages époustouflants, de ses merveilles architecturales, de sa culture ancestrale, de son histoire millénaire qui abrite poètes, philosophes et savants.
Sa réponse a été surprenante : la scène la plus marquante qui s’était gravée dans son cœur et son esprit était cette dame, une dame âgée, seule, nichée sous un arbre, accomplissant sa prière loin de tous les regards dans le décor des paysages ineffables du Khorassâne.
Quelle beauté ! Quelle « نِعْمَة Ni’ma » (bienfait /délice) se dit-il ! Quelle grâce! Allah avait accordé à cette dame âgée d’être seule devant son Seigneur, à l’abri des regards; quelle Ni’ma avait-elle de se retrouver avec son Seigneur pour converser avec Lui! Quelle Ni’ima avait-elle de pouvoir bénéficier de cette énorme privilège et récompense.
En effet, quelle Ni’ma est-ce d’avoir un moment de proximité d’Allah loin des regards, loin de cette effervescence humaine autour des biens de la vie qui, souvent, nous éloigne de la vérité d’Allah et de Ses promesses.
Cette image de sincérité l’avait marquée. Comme s’il n’avait retenu que cette image. Comme si ses merveilleux souvenirs de voyage étaient, soudain, devenus insignifiants face à cette beauté profonde, simple, originelle.
Alors que la course vers l’accumulation des richesses a enivré les esprits, que la compétition vers le faste a corrompu les âmes, que la boulimie du paraître a envahi les vies, c’est l’obsession matérielle qui nous a enrôlé dans une course effrénée. Une course sans fin. Une course inconsciente. Une course mortelle. Pourtant, l’Islam nous a averti,« «أَلْهَاكُمُ التَّكَاثُرُ » (sourate 102 Et-Takâthour verset 1) : « La course aux richesses/ la course à l’accumulation, vous a accaparé/elle vous a troublé ». Le superflu est devenu vital, l’indispensable accessoire et, même, la barbarie s’est muée en quelque chose d’acceptable. Et c’est le bonheur qui nous échappe.
La guerre c’est la paix, la liberté c’est l’esclavage, l’ignorance c’est la force. C’était le slogan insensé dans la dystopie 1984 de George Orwell. C’est l’inversion des valeurs qui se produit aujourd’hui, le détournement des mots, la subversion de la réalité. Le monde asphyxié par les apparences se perd et il nous perd dans une course aveuglante. Quant à ALLAH, Lui, Il nous rappelle le chemin, Il nous rappelle à la conscience, Il nous réveille de l’ivresse, il nous invite à cette «نعمة », il nous guide vers l’authenticité.
Quand, dans un récit presque ordinaire, le prophète Mohammed (SBL) est sorti de chez lui, à Médine, un jour d’une excessive chaleur alors que le soleil était à son zénith, il a rencontré deux de ses amis : Abou Bakr et ‘Omar (RAN). La faim terrible les avait tous les trois réunis dans une coïncidence qu’Allah avait choisi. Abou el Haytham et son épouse leur avait offert un modeste repas : de l’eau fraiche, des dattes et de la viande. « Emmenez ce pain et cette viande à ma fille Fatima qui n’a pas mangé depuis 3 jours » a dit le prophète puis il a fondu en larmes, rassasiés par cette nourriture, en récitant le dernier verset de la sourate « التَّكَاثُر » (Et-Takâthour/ sourate 102 verset 8) « Et vous allez (tous) être interrogés au sujet de ces Na’ims (pluriel de Ni’ma – délices) ».
Car, en réalité, c’est la conscience de cette نعمة ni’ma qui nous affranchie et nous libère, elle est seul remède face à ce التَّكَاثُر qui nous emprisonne et nous aliène.
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on 27 novembre 2024 at 23 h 09 min. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed.
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