Nov 13
17
Compte rendu du « thé philosophique ».
Très studieuse était l’ambiance du « thé philosophique » organisé au centre musulman, vendredi 15 novembre, pour débattre et réfléchir sur la citoyenneté des musulmans de France et leur poids électoral.
L’électorat musulman :
S’il est un phénomène qui, au cours des deux dernières décennies, a suscité le plus d’intérêts et a été le plus commenté aussi bien au niveau politique que médiatique, c’est l’émergence d’une forte demande musulmane de citoyenneté.
En effet, les français musulmans font prévaloir leur citoyenneté à part entière à l’instar de leurs concitoyens, leur participation citoyenne se fait de plus en plus active et leur poids électoral s’affirme à chaque consultation.
Déjà, en 2006, a été constatée une vague inhabituelle d’inscriptions des jeunes des quartiers pour les échéances électorales 2007.
Lors des échéances électorales de 2007, il y a eu un véritable intérêt pour les élections et depuis comme si un mouvement de prise de conscience s’était déclenché.
Les musulmans et notamment les jeunes paraissent, depuis, plus décidés à faire entendre leur voix surtout qu’ils se sentent à chaque échéance électorale de plus en plus stigmatisés ou par des reporters ou des politiques se considérant comme « décomplexés ».
En 2011, la part des citoyens musulmans dans le corps électoral français est estimée 5% par un sondage IFOP.
Mais, y a-t-il vraiment un vote musulman ?
Certains sondages affirment qu’en réalité il n’y a pas de vote communautaire ou identitaire : les citoyens « musulmans» répondent majoritairement aux sondages qu’ils ne votent pas selon le critère d’appartenance religieuse.
Ces sondages concluent que leurs « préoccupations sont similaires au reste des français : chômage, inégalités sociales, pouvoir d’achat…les revendications particulières viennent loin après ».
Et voilà-là une chose qui doit rassurer tout le monde : il n’y a aucun doute sur l’appartenance nationale des citoyens musulmans de France.
Etat électoral des musulmans de France :
Malgré une certaine prise de conscience, la communauté musulmane de France reste caractérisée par :
1. un taux de non-inscrits qui reste plus élevé que la moyenne nationale et qui s’explique par :
– un désintérêt des jeunes,
– une phobie de la politique, héritée des pays d’origines, chez la première génération
– une certaine vision de groupes littéralistes qui propage la fausse idée que la participation au vote est un acte non conforme aux préceptes de l’Islam,
2. par une forte tendance à l’abstention,
3. et un très faible engagement politique.
Peut-on donner plus de poids politique aux musulmans de France ?
Pour une meilleure implication des musulmans dans les élections en France, il faut développer la conscience citoyenne et politique des musulmans de France.
Pour cela les musulmans doivent agir au niveau de chacune des trois étapes d’une élection.
- Au niveau des inscriptions :
par une incitation aux inscriptions sur les listes électorales ; en répandre largement la notion de l’utilité et de la légalité juridique des élections en Islam. - Au niveau du vote le jour du scrutin : par une mobilisation le jour du scrutin et luttant contre les abstentions
- Au niveau de l’engagement dans la période qui précède les échéances électorales : les citoyens musulmans doivent participer aux débats et réunions publiques.
Participer à l’élaboration de propositions électorales. Spécifiques ?
La foi musulmane permet d’avoir un regard conscient sur la société, de vivre en cohérence avec elle.
D’où il est important de participer à l’élaboration des propositions politiques pour un avenir commun, pour le progrès de notre société.
Et à ce sujet, les propositions spécifiques des citoyens musulmans, que certains ne manqueront pas de présenter comme communautaristes ou identitaires, doivent être présentées de la manière la plus audible à la société civile et aux politiques.
Car, en réalité, ces propositions n’ont rien de communautaristes ni spécifiques à la communauté musulmane; par exemple :
– lorsque les citoyens musulmans de France luttent contre la ghettoïsation, ils luttent comme les autres pour un habitat décent et pour plus de proximité sociale,
– lorsqu’ils luttent contre la marginalisation ils luttent comme leurs concitoyens contre l’injustice sociale et pour l’égalité de chances,
– lorsqu’ils s’élèvent contre la stigmatisation et l’islamophobie, ils luttent comme la majorité des citoyens pour l’entente et la cohésion sociale,
– lorsqu’ils s’indignent des positions extrêmes d’une laïcité d’exclusion c’est pour la liberté qu’ils se battent.
Et ainsi pour d’autres demandes souvent faussement présentées comme communautaristes; les musulmans ne demandent pas de droits particuliers mais leurs demandes se font dans le cadre de la République qu’ils défendent autant que les autres.
Commission de participation citoyenne pour les municipales 2014
Enfin, il a été proposé de créer des commissions pour dynamiser, par quartier, la participation citoyenne notamment des jeunes.
Liberté égalité fraternité: devise maitrisée par la JMFB.
Et maintenant:
aux urnes citoyens musulmans,
formez vos jeunes,
marchons marchons…