Fév 15
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Écolier de 8 ans, auditionné au commissariat de police !
On savait que le 7 janvier était un moment d’une forte émotion nationale, que le 11 janvier était un moment d’une grande unité nationale autour des valeurs de la République. Et on espérait, de cela, que le meilleur allait en éclore : travailler pour un avenir meilleur pour tous, une liberté d’expression pour tous, une liberté de pratiquer sa religion pour tous, une cohésion nationale sans faille où nul ne sera exclu et aucune partie de la nation ne sera stigmatisée et marginalisée.
A la déception de tous, les actes islamophobes ont proliféré sans condamnations notables et les commentaires des « spécialistes » dans certains médias participent toujours et encore à cette atmosphère délétère islamophobe sans réactions remarquables en contrepartie.
L’inquiétude s’aggrave, surtout, lorsque certains responsables de l’Ecole de la République semblent vouloir troquer leur mission d’éducation contre la répression et le tout sécuritaire et que notre pays se laisse aller à institutionnaliser la stigmatisation. Deux cas très récents et emblématiques confortent notre constat :
- Un enfant de 8 ans, à la demande de son directeur d’école et son équipe « pédagogique », auditionné au commissariat de police pour apologie du terrorisme».
- une fiche signalétique émanant de l’Education Nationale pour répertorier dans un amalgame terrorisant les signes d’une éventuelle « radicalisation djihadiste »
Deux actualités qui se sont bousculés ces derniers jours sur les réseaux sociaux. Sur twitter, par exemple, les hashtag #Ahmed8ans et #jemesuisdéradicalisé ont été repris par des milliers d’internautes laissant voir l’indignation, tournée parfois en dérision, de ce qui ne peut empêcher de remuer les mémoires sur des heures sombres de l’Histoire d’avant-guerre où la chasse aux boucs-émissaires a enfanté le pire.
Un enfant de 8 ans, un autre de 9 ans et à l’école…
Comment peut-on, en effet, aujourd’hui comprendre qu’un écolier de huit ans soit convoqué dans un commissariat de police ? Loin de justifier certains propos comment peut-on comprendre qu’au cœur de l’édifice démocratique, au sein même de l’école républicaine, dans la citadelle de l’institution d’éducation qui se proclame premier rempart contre l’intolérance et les inégalités, on puisse ainsi pointer du doigt un enfant de 8 ans qui s’attendait à ce qu’on lui expliquait, pédagogiquement, la gravité des propos qu’il a prononcés et qui réclame, maintenant, qu’on lui dise dans quelles affres ses enseignants et son directeur l’ont livré.
Une convocation « ubuesque » pour l’avocat de la famille, un dossier qui sera transmis au parquet et un enfant à jamais terrorisé. Comment peut-on en arriver là alors qu’un silence radio exceptionnelle pèse sur la plainte qui vient d’être déposé par l’avocat et les parents pour « violences aggravées » de la part du directeur. Celui-ci aurait tapé la tête de l’enfant « contre un tableau et donné une baffe parce qu’il avait dit qu’il était »avec les terroristes »
Comment comprendre, dans ce sens, l’assurance de la Ministre de l’Éducation nationale qui félicite « avec force » le bon comportement de l’équipe de l’école et les remercie pour la gestion de cette affaire ! Une affaire qui fait parler d’elle jusqu’en Colombie et qui entache l’image de la France dans son traitement qu’elle inflige à une partie de ses enfants.
Et puisque, un effroi n’arrive jamais seul, encore un enfant de l’Aisne de 9 ans a été auditionné par des gendarmes.
Délation et signes de radicalisation
L’Etat vient, en effet, de mettre en place un numéro vert pour pouvoir dénoncer et alerter de citoyens qui seraient en voie de radicalisation « djihadiste ». Des signes de radicalisation sont, alors, livrés de manière institutionnelle et font froid dans le dos car elles pointent, pernicieusement et exclusivement, du doigt les musulmans, l’adjectif « djihadiste » l’affirme implicitement.
Pêle-mêle, dans un amalgame terrifiant qui rappelle un fichage révolu qui traquait les « mauvais citoyens :haro sur ceux qui n’ont pas les « bonnes » habitudes alimentaires, « haro » sur ceux qui évitent d’aller au cinéma pour se priver des sanglantes superproductions hollywoodiennes, « haro » sur ceux qui ne souhaitent pas qu’on régente leurs cultures vestimentaires…
Comme si ceux qui ont commis les attentats avaient alerté leur entourage sur des habitudes alimentaires exceptionnelles ou s’étaient exhibés en turban ou en «djellaba » ?
Des méthodes mauvaises et périmées, inutiles et même contreproductives qui montrent que certains politiques n’ont pas pris la décision déterminante de lutter contre la racine même du mal en adoptant une politique courageuse contre toute forme d’exclusion et qui ne rejetterait aucun des citoyens et ne stigmatiserait aucune partie de la nation.
Comme l’antisémitisme, quand l’islamophobie et la stigmatisation s’institutionnalisent toujours plus, c’est le vivre ensemble qui est sacrifié sur l’autel d’une illusion de la sécurité.
Tout ceci fait peur et doit atterrer tout esprit critique, juste et épris de liberté. Il est temps que cette atmosphère, qui s’abat sur de nombreux concitoyens et risque d’empoisonner la cohésion nationale, se dissipe. Il est temps que les pouvoirs publics aident à la construction du vivre-ensemble avec tous les acteurs de notre société en évitant de donner l’impression de légitimer des discriminations et, bien au contraire, s’investissent pleinement de leur mission qui est celle de combattre toutes les formes d’intolérance, sans distinction aucune.
Très bel article porteur de forts messages pour qu’une prise de conscience juste émane qui soit le terreau d’un vivre ensemble exemplaire
Merci pour ce très bel article qui résume bien l’islamophobie ambiante qui malheureusement ne fait que s’accroître et qui touche même nos petits bouts de chou… Quelle tristesse!!!! Courage aux familles et qu’Allah les aide dans cette épreuve.
Article magnifique à diffuser et à lire absolument !!!
Je trouve cela scandaleux de masquer la vérité à l’heure où des milliers de personnes sortent dans la rue pour le « rassemblement fraternel » personne ne se préoccupe de la situation de cet enfant. A l’âge où il est censé recevoir une pédagogie constructive un directeur le frappe pour lui inculquer quoi? Que dans l’ignorance on répond pas la violence.
Bravo l’éducation nationale.
J’espère qu’après le vacarme des médias la raison reviendra et ce directeur sanctionné définitivement et non pas 4mois et annuler la sanction pour cause de pression médiatique.
La France est reconnue terre d’ouverture pour sa liberté d’expression mais une fois encore tout dépend qui tient les propos, je suis sûre que si Joachim avait tenue des propos identique à l’époque on lui aurait expliquer simplement pourquoi ne pas dire ça.